dimanche 6 décembre 2020

Première neige autorisée

 5 décembre 2020

En fond de vallée, nous sommes dans un brouillard humide. Il est tombé un tout petit peu de neige collante. Nous partons pour Montaud en espérant pouvoir fouler un peu de neige. Par flemme, nous laissons les guêtres dans le coffre, mais au bout de cent mètres, il faut faire demi-tour pour revenir les enfiler : il y a bien 35 cm de neige qui ne demande qu'à s'infiltrer partout.

Nous nous trouvons alors entre la couche basse de nuages et une autre couche beaucoup plus haute. Et tout d'un coup, peu avant qu'il disparaisse, le soleil arrive à se faufiler entre les deux couches. Une lumière magique et un arc en ciel de couleurs que les photos ne rendent malheureusement pas.

En tout cas, une petite sortie, mais une sacrée bouffée d'air et de remontée du moral.












lundi 30 novembre 2020

Une heure, un kilomètre

 30 novembre 2020

La pression s'est relâchée un peu. Pendant tout le confinement à moins d'un kilomètre, je suis souvent sorti avec l'appareil photo en m'efforçant d'observer d'un autre œil ce que nous avons à côté de nous.

A tout seigneur, tout honneur, le hêtre du jardin :

En montant au cimetière, notre cher Vercors auquel nous ne pouvons plus rendre visite.

Il y a un petit barrage tout près. On le redécouvre.

Quelques photos au parc de la mairie (mais, à 1100 mètres, nous sommes en infraction 😖.)


 
 
 
Feuilles de Ginkgo Biloba tombées sur le plan d'eau du parc municipal :
 

 
Retour au jardin où l'olivier commence à faire noircir ses olives. Vers le 15 décembre, elles seront bonnes à cueillir.







Enfin, un lointain voyage à 500 mètres de la maison :





mardi 27 octobre 2020

Avant le re-confinement

Mardi 27 octobre

Allez, il a fait un peu froid pour que les arbres roussissent et se mettent à se dégarnir, mais il fait encore assez beau. On en profite vite pour faire quelques photos, mais sans aller trop loin, il ne faudrait surtout pas prendre de mauvaises habitudes.





Pour la photo ci-dessus, j'ai essayé de m'inspirer (mais combien j'en suis loin...) des photos de Sandrine et Matt Booth. Vous pouvez voir leur magnifique blog sur le lien suivant, et rêver de partir avec eux en Ecosse... Prises 2 vues, Sandrine et Matt Booth


 Et ça, vous croyez que c'est de la macro-photo ? Phonétiquement, vous avez presque juste. En fait, c'est de la maquereau (fumé et au poivre) photo. Si j'étais une ex-première dame de France, chanteuse susurrante mais néanmoins acceptable, je demanderais à mon maroquinier préféré de me confectionner un sac à main en peau de maquereau.

dimanche 11 octobre 2020

Le grand remue-ménage de la forêt

Septembre-octobre 2020

Chaque année, nous attendons avec fébrilité l'arrivée de la période du brame.

Quelle que soit la saison, les grandes hêtraies du Vercors nous envoûtent, mais l'automne y ajoute sa dose de magie. Le temps change, la forêt devient plus humide, les arbres se préparent pour l'hiver. On sent qu'il se passe quelque chose d'important dans le cycle de la vie de la forêt. Et en certains endroits, se met à résonner le brame du cerf. Une agitation soudaine gagne alors ces magnifiques bêtes qui perdent provisoirement leur discrétion habituelle. Ce spectacle sonore et parfois visuel attire beaucoup de monde (dont nous faisons partie, donc je me garderais bien de critiquer...). La seule chose à faire est de se montrer très discret et très attentif.

Nous pratiquons nos observations le plus souvent à l'affût, ce qui signifie de longues heures immobiles, tous les sens en alerte, avec le mal au dos, aux articulations, le froid et l'humidité qui prennent possession de nous au fil des heures... D'autres fois, nous nous postons sur un petit sommet qui offre une large vision sur les alentours, et où l'on peut faire les cent pas pour se dérouiller. Nous savons que nous n'y serons pas seuls, mais les chances de voir des bêtes seront beaucoup plus élevées. Le plus souvent, elles seront loin, mais bien visibles aux jumelles, et on sera assuré de ne pas les déranger.

Le premier affût de cette saison du brame m'a comblé. Je m'étais posté non loin d'une souille. Une heure et demie après mon installation, j'ai vu arriver une biche et son faon. Elle sont venues boire non pas à la souille mais dans une ornière beaucoup plus près de moi. Pendant qu'elles se désaltéraient, j'ai entendu craquer quelques branches, mais impossible de décoller l’œil du viseur de l'appareil photo, le mouvement du filet aurait provoqué une fuite éperdue. Tout d'un coup, un gros cerf 14 cors a surgi dans le viseur, une montagne de muscles. Il ne s'est pas souillé, se contentant de frotter ses bois dans la boue, puis il a bu. Les biches sont restées là à l'attendre, et tous trois sont repartis, le cerf suivant les biches de son pas lourd et silencieux.
 






Autre observation, cette fois sur le petit sommet dont je parlais. Nous arrivons à la nuit sous un ciel étoilé qu'on croirait pouvoir toucher de la main. Les cerfs brament à tout va. L'écho de leur voix rebondit sur les flancs de montagne. La montée nous a réchauffés, l'aube arrive bientôt et le ciel se voile par endroits, mais avant que les rayons du soleil nous caressent le dos et nous réchauffent, il va falloir s'armer de patience. Bien au contraire, nous nous refroidissons terriblement, les pieds et les bas de pantalons trempés de rosée, et il faudra attendre près d'une heure après le lever du soleil pour qu'on commence à en ressentir les effets. La thermos est la bienvenue.

Voici qu'un banc de brume se forme en dessous de nous puis monte et nous enveloppe. Il faut rester vigilant, et justement, tout près passe la silhouette estompée d'un cerf. La brume se dissipe, le soleil se fraie un chemin entre les branches, et surprise, le cerf repasse encore plus près.





En contrebas, dans la grande clairière, les provocations se poursuivent et on voit enfin les protagonistes. Ils vont se côtoyer, ce qui est parfois le prélude à un combat, mais finalement celui qui ne se sent pas à la hauteur laissera la place en évitant l'affrontement.






Un autre jour, nous reprenons un vrai affût, cachés sous les branches basses d'un hêtre, et recouverts de notre filet. De longues heures d'attente sont au programme. Il tombe des milliers de faines et de feuilles, chacune émettant un petit craquement qui nous fait espérer l'approche d'une bête. Des milliers de fois, notre espoir est déçu. Parfois, c'est un petit rongeur qui remue les feuilles à nos pieds ou dans notre dos. C'est fou comme une petite souris peut faire plus de bruit qu'un cerf des milliers de fois plus lourd qu'elle... Enfin, un peu de remue-ménage dans le sous bois et une paire de bois glisse dans l'ombre. Le propriétaire de la ramure ne se montrera à la lumière que quelques secondes.


 
Plus tard nous apercevons entre les branches des pattes qui vont et viennent. Impossible de savoir à qui elles appartiennent. Soudain un museau, oui mais biche ou jeune cerf ? Le mystère demeure pendant vingt minutes jusqu'à ce qu'enfin on découvre qu'il s'agissait d'un daguet.
 

Les affûts réservent parfois des surprises.
Des mauvaises comme lorsque pendant huit heures d'attente, nous avons vaguement aperçu une biche suitée et un cerf à travers un fouillis de branches mais sept personnes déambulant en tous sens dans la forêt en évitant soigneusement les chemins...
Des plutôt inattendues, comme cette vache ayant franchi la clôture électrique de l'alpage et partageant désormais la vie des biches. Nous l'avons croisée sur le chemin juste après avoir quitté notre affût. Si elle n'a pas eu peur de nous, nous avons malheureusement effrayé les deux biches qui la suivaient.
Une autre fois, ce sont deux chiens de chasse opportunément lâchés dans la réserve pour en faire sortir les animaux, qui sont venus nous rendre visite. Ils suivaient la piste d'un sanglier que nous venions de voir passer. Un quart d'heure plus tard, un trop régulier se faisait entendre dans notre dos. C'était un cerf un peu pressé qui traversait la clairière et qui heureusement pour moi, marqua un petit temps d'arrêt avant de s'enfoncer dans le bois de l'autre côté.




Le dernier cerf que nous allons voir de près cette année est arrivé devant notre affût tout doucement. Il avait de très beaux yeux (habituellement, je n'aime pas trop le regard des cerfs, je l'avoue). Il a poussé la complaisance jusqu'à bramer devant nous avant de passer sous un sorbier que nous ne nous lassons pas d'admirer lorsqu'il n'y a rien d'autre d'intéressant à voir.




Passée la première semaine d'octobre, le brame perd de son intensité, soit que la plupart des biches aient été fécondées, soit que les luttes de pouvoir entre les mâles aient trouvé un point d'équilibre et que les affrontements soient devenus inutiles. Notre dernier affût a été bien décevant : pas de brame, pas de bête, même si l'on sait qu'elles sont toujours là. En rentrant, alors que nous n'espérions plus rien, un cerf accompagné de cinq biches broute dans une doline, mais il fait vraiment très sombre. L'appareil photo voit plus de choses que nous à l’œil nu. Le cerf a la patte avant droite blessée et il boite. Séquelle d'un affrontement, piège d'un lapiaz ? Espérons qu'il s'en remettra.